Pourquoi Pachinian s’obstine à occulter l’Arménie Occidentale et valoriser « l’Arménie vraie » ?
Dans sa récente interview à la chaîne de Télévision publique d’Arménie effectuée le vendredi 22 novembre, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a affirmé qu’évoquer « l’Arménie Occidentale » est aussi vexatoire que d’évoquer « l’Azerbaïdjan Occidental » … Pour résumer, selon le Premier ministre arménien, la Turquie serait vexée que les Arméniens puissent évoquer « l’Arménie Occidentale » située sur le territoire actuel de la Turquie et que les Arméniens sont à leur tour vexés que le clan Aliev reprenne le terme de « Azerbaïdjan Occidental » pour évoquer l’actuelle République d’Arménie. Cette dernière, « l’Arménie vraie » avec ses 29 743 km² est le centre d’intérêt de Nikol Pachinian qui invite les citoyens d’Arménie à écourter leur vision sur ce seul territoire.
Nombre de politologues ou députés Arméniens -à l’exemple de la députée du groupe « Hayastan » de l’opposition, Lilit Galstyan- estime que cette déclaration du Premier ministre arménien comparant « l’Arménie Occidentale » à « l’Azerbaïdjan Occidental » est purement suicidaire, et une faute politique majeure.
Dans ces leçons de réduction de la mémoire arménienne à une Arménie réduite aux 28 743 km² soit à peine le dixième du territoire de l’Arménie Occidentale, Nicole Pachinian pourrait bien arriver à saper le moral des Arméniens, réduits dans un territoire « peau de chagrin ». Le Premier ministre arménien désire également réduire la mémoire arménienne en conséquence afin de ne pas nourrir d’appétits sur l’autre Arménie, celle qui reste en dehors de « l’Arménie vraie ».
Le Premier ministre arménien qui désire parvenir à la paix avec les voisins turciques qui menacent les frontières de l’Arménie et l’existence même de la nation arménienne, brade la vision d’avenir étendu des Arméniens qui pourtant n’ont aucune vision expansionniste puisqu’ils regardent leur propre terre. Cette terre de l’Arménie occidentale aujourd’hui occupée, où sont nés la plupart des grands-parents de ces citoyens d’Arménie et Arméniens de la diaspora.
Pourquoi vouloir alors saper le moral des Arméniens ? Pour éviter la colère des puissants voisins et sauver ce qui peut encore l’être, à savoir les 29 743 km² ? En réponse à cette question, l’état d’esprit de l’Etat génocidaire et de son collaborateur azerbaïdjanais prouve que l’option d’un second génocide des Arméniens et la disparition de l’Arménie reste parmi les objectifs déclarés.
Dans ces conditions, pourquoi céder et courber l’échine alors que les bourreaux ne cachent pas leur désir de passer à l’action dès que l’occasion se présente ? Car la paix voulue par Yerevan n’a pas la même lecture à Ankara et Bakou. Les dictateurs Erdogan qui désirait finir le travail du yatagan turc débuté en 1915 et Aliev qui après avoir « chassé les Arméniens comme des chiens » en Artsakh, lorgne désormais sur l’Arménie qu’il nomme « Azerbaïdjan Occidental » pour mieux faire comprendre sa volonté.
Dans ce jeu où les règles sont biaisées, comment le désir de paix et surtout son absence d’ambition peuvent avoir un effet sur le couple turco-azéri ? Nikol Pachinian pourrait bien être surpris et déçu face à tant de concessions sans retour. Mais au-delà de sa déception c’est l’ensemble de la nation arménienne qui pourrait payer le prix fort face à l’expansionnisme et l’appétit insatiable d’Aliev soutenu par Erdogan.
Krikor Amirzayan
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