INTERVIEW DE JULIE FRANCHET Rubrique

Entre tradition et silence : deux projets photographiques arméniens primés par le Musée Albert Kahn


Fidèle à la démarche d’Albert Kahn, banquier philanthrope, l’association des Amis du musée départemental Albert-Kahn a lancé en 2017 des Rencontres Photographiques destinées à des artistes se reconnaissant dans les valeurs d’ouverture au monde et de dialogue entre les cultures. Cette année, l’association a désigné trois lauréats et, une fois n’est pas coutume, deux projets prennent leurs sources en Arménie : Yulia Grigoryants a capté l’isolement dans une station de recherches sur les rayons cosmiques à Aragats ; alors que Julie Franchet s’est plongée dans le quotidien des familles arméniennes, mettant en avant la « préférence du fils ». Deux projets très différents, mais qui se rapprochent par leur exploration au long cours d’une Arménie entre disparition et persistance des traditions, entre concret de la réalité et silence des images. Deux très belles séries photographiques à découvrir jusqu’au 15 novembre au Musée départemental Albert-Kahn à Boulogne-Billancourt.

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Pour Yulia Grigoryants et sa série Cosmic solitude, il s’agissait d’explorer photographiquement le vide, dans ce qui était probablement la plus grande station de recherche sur les rayons cosmiques à l’époque soviétique, par le biais de la routine quotidienne banale des trois derniers employés de la station, située à 3300 mètres d’altitude dans les montagnes d’Arménie. L’isolement et la solitude sont ce que ces deux scientifiques et leur cuisinier vivent dans un endroit qui, autrefois, employait plus de 100 scientifiques et bourdonnait de vie. Comme une preuve encore vivante d’une époque révolue, et l’occasion de révéler, à travers ces trois fantômes qui errent dans cet espace immense, la solitude d’un peuple, « une solitude qui a grandie suite à tous ces récents évènements qui ont meurtri l’Arménie : génocide de 1915, tremblement de terre au nord du pays, guerre avec l’Azerbaïdjan... »

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Du côté de Julie Franchet, photographe française qui se rend régulièrement en Arménie depuis 2011, son projet La préférence du fils a mis plusieurs années à s’imposer à elle. A force de s’imprégner du quotidien de la population, elle est frappée par le nombre d’avortements sélectifs, qui a des conséquences néfastes sur les femmes tant d’un point de vue psychologique que physique. Elle nous explique pourquoi :

Claire Barbuti

Exposition de Julie Franchet, Yulia Grigoryants et Aleksey Myakishev
Jusqu’au 15 novembre
Musée Albert Kahn - 1 rue des abondances - 92100 Boulogne-Billancourt

par Claire le jeudi 8 octobre 2020
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