L’utopie d’hier est devenue réalité aujourd’hui
À l’occasion du dixième anniversaire du démarrage en Artsakh du projet « École Professionnelle Yeznig Mozian », dédié à la formation aux métiers du bâtiment, Hermine et Robert Aydabirian témoignent de leur expérience réussie avec le Fonds Arménien de France.
Plusieurs médias arméniens et français, relatent avec intérêt les initiatives et les progrès accomplis par l’École Professionnelle Yeznig Mozian (EPYM), basée à Chouchi en République d’Artsakh. Son extension permanente en spécialisations métiers (3 pour 45 apprentis à l’ouverture en 2015, 8 pour 170 en 2018), en nombre et diversité d’équipements déployés, en projets réalisés sur le territoire par les équipes d’apprentis, etc. Engagé depuis le début avec passion dans cette aventure, Vaspur Karapetyan directeur de l’EPYM sera en France entre le 11 et le 19 mars. Il viendra rendre compte de ses résultats et de ses plans et encourager, pour 2020 et au-delà, de nouvelle coopération franco-arménienne avec des Centres de Formation (CFA), des Lycées professionnels et des entrepreneurs du secteur.
Genèse du projet :
Nous voulons dire ici que la réussite de cette école, un peu exceptionnelle, est le fruit d’un travail collectif réalisé dans le contexte positif du Fonds Arménien de France (FAF). Hors de ce cadre ce projet considéré initialement comme utopique n’aurait sans doute jamais vu le jour.
Notre oncle Yeznig Mozian nous manifesta son désir de léguer ses économies à une institution arménienne. Le Président Bédros Terzian et Maitre Lévon Djolakian se sont approchés de lui pour comprendre ses souhaits, le mettre en situation de confiance et lui garantir la bonne utilisation de son patrimoine si laborieusement constitué. La phrase de Y. Mozian : « Celui qui a un métier ne meurt pas de faim » prononcée lors des premiers entretiens exprimait son désir mais rappelait aussi son passé difficile d’enfant émigré et d’artisan tailleur.
Comme Bédros, Michel Pazoumian, François Rochebloine et les autorités d’Artsakh avaient constaté le déficit de professionnels du bâtiment pour reconstruire le pays. La proposition de création d’une école dédiée à ces métiers obtint l’accord de Y. Mozian qui décida de faire du FAF son légataire universel. À son décès en 2009, les formalités notariales bien entamées, l’Assemblée Générale du Fonds me donna mandat pour coordonner le projet. J’ai présenté la feuille de route et les règles de bonne conduite au bureau du Fonds Hayastan puis au Premier Ministre, Araïk Harutunyan, qui les ont entérinées et respectées scrupuleusement jusqu’à ce jour. Dans cette phase initiatique Michel Tancrez, représentant du FAF en Artsakh, m’a bien facilité les prises de contacts officiels.
L’équipe et le réseau :
Fut alors constituée l’équipe projet chargée de sa conception, architecture et pédagogie, avec Alain Daronian, Bruno Chauvel, et les dirigeants des CFA de Rueil-Malmaison et de St Etienne, Eric Leymarie et Mario Lorenzet. Une gestion comptable et financière, rigoureuse et réactive a été mise en place par Souren Kevorkian. David Favre directeur du CFA de Brétigny nous a cédé en 2017, 25 tonnes de machines-outils destinées aux ateliers de métallerie et menuiserie et d’équipement aux classes de dessin et d’informatique. Christophe Dossikian et Raymond Kevorkian, deux autres responsables du FAF ont apporté l’aide pratique et administrative nécessaire à leur acheminement et ont présenté d’excellentes propositions à la direction exécutive et au Conseil de la Fondation EPYM.
En 2016 fut aménagé sur le campus une résidence scolaire, financée par la généreuse famille Nazarian du Liban. Elle peut héberger jusqu’à 250 étudiants et apprentis. En septembre 2019, grâce à l’intervention du nouveau ministre de l’éducation d’Arménie, Arayik Harutyunyan un jeune mécéne des Etats-Unis, Sévan Torossian, a accepté de financer sur 3 ans les frais d’études et d’hébergement de 10 élèves d’Arménie. L’EPYM devenant ainsi un centre de formation professionnel régional.
En 2017 le FAF lança l’idée de promouvoir l’usage de l’énergie solaire en Artsakh et organisa deux phonétons sur ce thème. Ce projet intégrait de fait la participation active d’apprentis de l’EPYM qui, en travaillant sur les chantiers, complétaient leur formation pratique aux métiers d’installateurs et de mainteneurs de ces nouvelles technologies. Soutenu par le FAF, le professeur du lycée lyonnais de la Martinière-Montplaisir, Hagop Ajamian a aidé au montage des cours et de trois laboratoires dédiés à cette spécialité. Ceux-ci seront en septembre 2019 ouverts aux techniciens d’entreprises arméniennes en demande pressante de formation continue.
Grâce à son réseau de compétences, de mécènes et de bénévoles issus de France, d’Artsakh, d’Arménie, et de Diaspora, le Fonds a permis de réaliser le rêve de Yeznig Mozian, au-delà sans doute de ses propres espérances. Nous rendons hommage à sa clairvoyante générosité mais aussi au dévouement des acteurs de cette réussite qui restent prêts, aujourd’hui plus que jamais, à accompagner ceux qui souhaiteraient à leur tour apporter leur contribution, technique et financière, sociale et solidaire, à la population et au pays arménien.
Et à y laisser une trace personnelle utile et durable.
Robert Aydabirian
Paris le 7 mars 2019
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